Journée des filles le 11 octobre - le mariage d’enfant perdure

Journée des filles le 11 octobre - le mariage d’enfant perdure
08.10.2020

Une étude qualitative menée par l’organisation d’aide à l’enfance Terre des hommes auprès des communautés réfugiées syriennes au Liban et en Jordanie explique le lien de causalité entre le statut de réfugié, la situation précaire des familles et le mariage d’enfant. Un quart des filles interrogées font face à un risque élevé de mariage. 

Dans les communautés réfugiées syriennes, une fille reçoit sa première proposition à 14 ans et demi, en moyenne. Presque toutes les participantes ont reçu au moins une proposition avant leurs 16 ans et 24% d’entre elles font face à un risque élevé de mariage précoce, alors que les filles scolarisées y sont moins confrontées. 

Le statut de réfugié et la situation précaire des familles réfugiées syriennes favorisent le mariage d’enfant. Dans ce contexte, subvenir aux besoins de leurs filles non scolarisées, définir leur statut au sein du foyer et de la communauté est difficile. L’absence d’éducation et de perspectives d’avenir a changé le regard que les familles, y compris les filles, posent sur le mariage. Certaines conditions qui auraient été inenvisageables auparavant sont désormais acceptées. Le mariage est perçu comme une alternative admissible ; dans l’insécurité, il donne aux parents l’illusion d’assurer l’avenir précaire de leur fille et offre un sentiment de normalité et de contrôle aux familles qui doivent affronter les conséquences psychiques des difficultés rencontrées dans leur pays d’origine et lors de leur voyage.

 Bien que les familles ne considèrent pas le mariage d’enfant comme étant néfaste, les conséquences peuvent être dramatiques. Aucune des filles interrogées n’y a été préparée – encore adolescentes, elles ne sont prêtes ni psychologiquement ni sexuellement à endosser le rôle de femme au foyer, de mère et d’épouse. «J'étais encore très jeune. Je ne savais pas tout sur le mariage. Maintenant, quand je rentre du travail, j'ai des responsabilités : faire la cuisine, la vaisselle et la lessive. J'ai un homme qui a des attentes envers moi», confie une jeune syrienne de 16 ans, mariée depuis 2 ans et enceinte de son deuxième enfant. Certaines des participantes ont décrit le choc et la détresse causés par leur premier rapport sexuel, évoqué comme un viol conjugal. Elles ont également subi des violences physiques, verbales et émotionnelles. 

«Face à ses nouvelles responsabilités, une jeune fille ne pourra pas s’engager dans des activités normales propices au développement d’un enfant et sera isolée socialement. Elle n’aura pas eu le temps de se forger le bagage nécessaire pour assurer sa vie de femme et de mère. Ça peut être une expérience très traumatisante et de longue durée. Les conventions internationales considèrent clairement le mariage d’enfant comme une préoccupation de protection de l’enfance et une forme de violence sexuelle et sexiste», explique Marta Gil Gonzalez, basée en Jordanie et coordinatrice régionale du programme Accès à la justice pour les enfants à Terre des hommes. 

Partager cette page