IeDA - une technologie pour sauver des vies

IeDA contribue à renforcer la qualité des soins pour les nouveau-nés, les enfants et leurs mères dans les structures de soins de santé primaires en milieu rural en Afrique de l'Ouest et en Asie. Grâce à une application mobile sur tablettes numériques, Tdh guide le personnel dans l'établissement de diagnostics appropriés et de traitements efficaces.

L'Approche intégrée de l'e-Diagnostic (IeDA) est une solution de santé numérique qui soutient les agents de santé primaire en Afrique de l'Ouest et en Asie pour améliorer la qualité des soins pour les nouveau-nés, les enfants et leurs mères. IeDA a été initialement développée par Tdh et le ministère de la Santé du Burkina Faso. Elle a permis de digitaliser le protocole médical de la Prise en charge intégrée des maladies de l'enfant (PCIME) de l'OMS. Les données sont analysées en vue d’améliorer la qualité des soins et d’informer les décideurs politiques. IeDA est maintenant étendue à d'autres pays et à d'autres protocoles qui guident les consultations cliniques pour les femmes enceintes et les nouveau-nés. 

Un meilleur diagnostic 

Ce qui n'était qu'un projet pilote en 2010 dans un district du Burkina Faso est aujourd'hui une réussite technologique majeure. À la fin de l'année 2022, IeDA était déployée dans 86 % de tous les centres de santé primaires du Burkina Faso et dans plus de 60 établissements de santé au Mali, en Guinée et au Niger. IeDA est également déployée dans plus de 470 établissements de santé dans le district de Jharkhand en Inde. Des milliers de professionnels de la santé utilisent IeDA dans leur travail quotidien, réalisant plus de 350'000 consultations par mois. Il s'agit d'une réalisation majeure, en particulier dans les zones rurales, car IeDA contribue au diagnostic précis et au traitement adéquat des maladies des enfants de moins de 5 ans. Grâce à un vaste réseau de partenariats, Tdh a enrichi IeDA de nouvelles fonctionnalités. IeDA est désormais disponible pour guider les consultations sur les soins prénataux et postnataux, les soins post-avortement et le planning familial. Il comprend également l'utilisation d'instruments médicaux comme l'oxymètre de pouls pour mieux identifier les symptômes de gravité (hypoxémie), des cartes web interactives et des tableaux de bord, la surveillance des signes précoces d'épidémies et des analyses faites avec de l’intelligence artificielle. 

Données pour mieux comprendre la situation locale 

IeDA est une source importante d'informations de première main pour les statistiques nationales de l'état civil. Les données recueillies lors de plus de vingt millions de consultations (dernière mise à jour en avril 2023) sont analysées et utilisées pour améliorer la qualité des soins de santé et informer les autorités sanitaires. «Il y a interopérabilité avec notre base de données, ce qui nous permet de nous occuper de l'enfant tout en collectant des données pour le système national d'information sanitaire», explique le docteur Assane Ouangaré, directeur des statistiques sectorielles au ministère de la santé du Burkina Faso. L’intelligence artificielle permet de contrôler la qualité des données saisies par les agents de santé et de déceler rapidement les premiers signes d'épidémies. 

Impact 

L'objectif d'IeDA est de rendre durables des soins de santé de bonne qualité en Afrique de l'Ouest et au-delà. Au Burkina Faso, la London School of Hygiene and Tropical Medicine et la Johns Hopkins School of Public Health ont entrepris plusieurs évaluations d'IeDA et ont démontré des améliorations significatives de la qualité des soins, une forte acceptation de l'approche à tous les niveaux du système de santé et une réduction des coûts opérationnels après les investissements de base. Les centres de santé équipés de l’outil IeDA l’utilisent dans 90% des consultations d’enfants de moins de cinq ans. Les résultats montrent une réduction de 15 % des prescriptions d'antibiotiques et une amélioration de 50 % de l'adhésion au protocole de la PCIME lorsque l'outil IeDA est utilisé. 

Perspectives 

Tdh soutient le développement et le renforcement des capacités locales pour transférer IeDA au Ministère de la Santé du Burkina Faso afin que le pays puisse prendre le contrôle total et la gestion directe de cette solution numérique. Tdh vise à intégrer pleinement ses activités à celles des systèmes de santé locaux. Au début des projets, il y a toujours une série d'ateliers avec les autorités sanitaires locales pour définir les rôles et les responsabilités afin de faciliter le transfert au Ministère de la Santé, sans interruption de service.

Nous sommes fiers de collaborer sur ce projet avec:

• Les Ministères de la Santé du Burkina Faso, du Mali, de la Guinée et de l'Inde;
• Dimagi (USA), notre partenaire technique qui assure le développement et la maintenance des applications;
• L’Ecole d'hygiène et de médecine tropicale de Londres, qui a mené trois études indépendantes visant à évaluer l’impact, le rapport coût-efficacité et la faisabilité du projet;
• L'Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH) qui améliore les analyses des algorithmes et des projets;
• L'EPFL qui, en collaboration avec IeDA, développe de nouveaux outils pour améliorer le dépistage de la malnutrition;
• Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG, Suisse), qui mènent une recherche visant à exploiter et à extrapoler les données;
• L’Université de Genève qui analyse les données grâce à l’intelligence artificielle;
• World Vision et Action contre la Faim à travers notre alliance ALeDIA, pour renforcer l’approche intégrée;
• La Fondation FIND qui, en collaboration avec IeDA, est notre partenaire stratégique pour améliorer les diagnostics dans les cliniques;
• La Fondation Patrick J. McGovern qui apporte son expertise et fournit des outils pour analyser près d’un milliard de points de données et mettre en oeuvre l'intelligence artificielle;
• L’Université Johns Hopkins pour des évaluations indépendantes;

Découvrez des publications externes sur IeDA:

• Using digital tools at scale: the Integrated e-Diagnostic Approach in Burkina Faso (article dans Africa Health)
• Utilisation des outils numériques à grande échelle : leçons d’un programme en santé mené au Burkina Faso (article dans Alternatives Humanitaires)
• Au Burkina Faso, des tablettes pour améliorer le diagnostic des enfants malades (article dans Le Monde)
• A mixed methods protocol to evaluate the effect and cost-effectiveness of an Integrated electronic Diagnosis Approach (IeDA) for the management of childhood illnesses at primary health facilities in Burkina Faso
• Can digital technology help reinvent primary healthcare in support of universal health coverage?

2011 - Le projet pilote est lancé dans trois districts du Burkina Faso (Yako, Tougan, Séguénéga) avec le REC (Registre électronique des consultations ou système numérique d'enregistrement des patients). La version 1.0 du REC est disponible sur des ordinateurs portables.

2014 - La version 2.0 du REC est développée et lancée dans trois districts pilotes. Le REC devient une application mobile disponible sur des tablettes numériques.

2015-2016 - Le REC est déployé dans de nouveaux districts et est utilisé dans 270 cliniques.

2016 - La fonctionnalité d’e-learning est lancée. Le personnel médical peut renforcer ses connaissances médicales pour mieux traiter les patients.

2018 - La version 2.7 est déployée dans tous les centres de santé. La nouvelle version uniformise la collecte et l’analyse de données. L’alliance ALeDIA est formée dans le but d’inclure la malnutrition et les maladies infantiles dans un seul outil.

2019 - Le projet avec l’Université de Genève et la Fondation Cloudera est lancé afin d’utiliser l’intelligence artificielle pour analyser les données durant les consultations IeDA.

2020 - Une version adaptée à l'Inde est déployée dans l'État du Jharkhand. Nous avons développé l’outil en numérisant les protocoles de soins prénataux, d’accouchement et postnataux (IeDA-maternité).

2021 - IeDA-maternité est déployé au Burkina Faso et en Guinée.

2023 - Nous sommes en train de numériser le Labour Care Guide de l'OMS pour l'expérimenter dans 3 centres de santé en Guinée.