Ukraine: «Je ne sais pas comment nous avons survécu»

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Le froid glacial de cette matinée d’hiver transperce les vêtements. Une fine couche de neige crisse sous les pieds en arrivant à l’ancienne école d’un village l'Oblast d’Ivano-Frankivsk, à l’ouest de l’Ukraine. Une porte s’ouvre. La chaleur enveloppante d’un feu invite à rentrer. Une petite chambre sert de logement à Anya, 10 ans, son père, sa grand-mère et son grand-père. Les 20 mètres carrés ne peuvent accueillir que le strict minimum : quatre lits, une petite table, un poêle et quelques affaires.

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Anya montre les habits qu’elle a cousus pour ses poupées.

«Nous venons de la ville de Bashtanka», raconte Olena, la grand-mère vêtue d’un tricot bleu pétant. «Tout a commencé en février 2022. Mon fils m’a appelée pour me dire qu’une colonne de tanks russes approchait.» Sa voix se brise et ses yeux bleus s’emplissent de larmes. «Il m’a dit de nous cacher. Nous avons mis Anya dans la salle de bains, l’avons recouverte de coussins et nous sommes couchés dessus. Les combats ont commencé. Les murs se sont mis à trembler et le toit se détachait. Après un moment, le calme est revenu. Le lendemain, alors que je rentrais avec un seau rempli de lait, j’ai entendu un avion. Puis une énorme explosion. Je me suis assise et j’ai protégé ma tête. L’onde de choc a fait exploser les fenêtres et a détruit l’arrière de notre ferme. Je ne sais pas comment nous avons survécu. C’est à ce moment-là qu’on a réalisé qu’on devait fuir.»

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Olena raconte les explosions que la famille a vécues.

Il y a un an, toute leur vie a basculé. Comme des millions d’autres personnes en Ukraine, la famille d’Anya a dû tout quitter pour se mettre en sécurité. Depuis août, les quatre vivent dans cette pièce réaménagée de l’ancienne école du village. 

«Je suis contente qu’Anya puisse aller en cours dans ce village», ajoute Olena. «Je suis en 4e classe», poursuit Anya. La jeune fille au teint pâle et à la longue tresse décoiffée sort un cahier d’exercices d’un tiroir. «J’aimerais bien devenir prof de maths, car je suis très forte avec les chiffres», explique-t-elle. «Elle compte même plus vite que moi avec la calculatrice!», s’exclame Olena. Anya et sa famille sont suivies par un travailleur social de Terre des hommes. Il a notamment aidé Anya à recevoir un soutien psychologique, ainsi qu’une tablette pour pouvoir faire ses devoirs. Les travailleuses et travailleurs sociaux formés par Terre des hommes jouent un rôle clé dans les communautés. Elles et ils identifient les familles déplacées les plus vulnérables et déterminent avec elles leurs besoins les plus urgents. La ou le travailleur social peut apporter un soutien direct en aidant par exemple les parents à remplir des documents administratifs ou en organisant des activités psychosociales pour les enfants. Cette personne sert aussi de relais, en facilitant par exemple une visite médicale. Ivan, le père d'Anya (sur la photo de titre), a pu obtenir un nouvel appareil auditif et a reçu un soutien pour trouver un nouvel emploi, afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille malgré les conditions difficiles.

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Knopa et son chiot font également partie de la famille. « Le chiot est né ici après notre arrivée », se rappelle Anya. « Et Knopa sait comment réagir quand on dit ‘Avion’ ».

Les équipes de Terre des hommes apportent leur aide aux familles déplacées par la guerre en Ukraine, mais aussi en Moldavie, en Roumanie et en Hongrie, qu’elles cherchent à s’établir dans leur nouvelle vie ou qu’elles envisagent un retour. Une année après le début de la guerre, beaucoup songent en effet à renter. Mais les combats se poursuivent et font régner l’incertitude, les confrontant à un dilemme impossible. «J’aime bien être ici mais j’aimerais aussi rentrer. J’aimerais revoir Martyshka, ma poule. Elle était bien dressée. Je lui disais ‘Martyshka, viens ici` et elle venait», se rappelle Anya, sourire mélancolique aux lèvres.

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 Crédit photos: © Tdh

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